Test de Dragon Quest Heroes

L’hégémonie de la série Dragon Quest a de quoi faire des envieux ! Square Enix en est bien conscient et n’hésite plus à décliner sa franchise sous des formats parfois inattendus pour renouveler l’intérêt des fans. En lorgnant du côté du musou, et en misant tout sur son folklore, la série Dragon Quest prend le risque de dérouter ses plus fervents adeptes. En parcourant ces quelques lignes, vous vous rendrez compte que le pari est brillamment relevé !

Skypirate

 

Genre : Action RPG – Musou
Éditeur : Square Enix
Développeurs : Square Enix – OMEGA Force – Tecmo Koei
Console : PS4
Sortie française : 16/10/2015

La recette semble un brin désuète sur le papier, mais elle compte toujours son lot d’aficionados. Un soupçon de fan-service, de l’action frénétique, mais aussi des empoignades répétitives, le genre du musou traîne derrière lui une réputation contrastée malgré une offre très prolifique. Et pour cause, bien des licences semblent prédestinées à cet exercice délicieusement régressif, et Nintendo s’y est même abandonné l’an passé avec Hyrule Warriors. Transposer l’univers de Dragon Quest, fort d’une mythologie incroyablement éclectique, mais aussi connu pour son classicisme, dans un ersatz de beat them all était un projet culotté ! Pourtant, Square Enix est parvenu à éviter les écueils habituels en soignant le gameplay, et en offrant nombre de possibilités en matière de personnalisation. Comme nous le précisait si justement Yuji Horii lors de notre entretien exceptionnel en juillet dernier, l’objectif était de distinguer Dragon Quest Heroes : Le Crépuscule de l’Arbre du Monde d’un Dynasty Warriors en soignant les mécaniques tout en intégrant de nouvelles.

En plus des traditionnelles phases de castagne, il faudra aussi soigneusement développer vos attributs, et vos compétences pour rendre vos personnages uniques. L’affaire se complique face au nombre important de protagonistes jouables qui rejoindront vos rangs au cours de l’aventure. Un casting généreux qui fera notamment intervenir le charismatique Terry de Dragon Quest VI, la fougueuse Jessica du huitième opus, mais aussi deux nouveaux héros spécifiques à cette aventure (Lucéus et Aurore de leurs petits noms occidentaux). Ces rencontres donneront lieu à des situations extravagantes qui amuseront les fans les plus assidus, et donc les plus à même d’apprécier ces échanges savoureux et leur sens du spectacle. Vous pouvez redéfinir les rangs de votre équipe entre chaque mission, et enrôler jusqu’à quatre personnages. Bien connaître les skills de vos alliés vous permettra de réaliser des prouesses au combat et d’apprécier leur grande complémentarité. Les sensations sont par ailleurs extrêmement bien retranscrites, et c’est une distraction formidable que de retrouver d’anciennes têtes connues dans un écrin aussi classieux.

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DQ Heroes distille par ailleurs de très nombreuses références à la série, et s’inscrit dans la droite lignée des épisodes canoniques. L’austérité assumée des menus, ou l’ornement sublime des fenêtres de dialogue ne nous feront pas mentir ! Le bestiaire devrait, lui aussi, raviver quelques souvenirs avec les incontournables dragons, trolls, et autre slimes/gluants qui surgiront par salves entières durant les batailles. Envoyer de vieux ennemis mordre la poussière a quelque chose d’hypnotisant ! L’ambiance est délicieusement portée par les compositions de Koichi Sugiyama qui reprend ici quelques uns de ses meilleurs arrangements. Définitivement, DQ Heroes ne pourra pas renier sa filiation et constitue par ailleurs une excellente initiation aux codes de la série, le classicisme en moins.

Vous l’aurez compris, la dimension RPG est on ne peut plus prégnante et fait tout le sel de ce cross-over survitaminé. Clairement, DQ Heroes satisfera autant les amoureux de musou, friands d’exutoires effrénés, que les rôlistes adeptes de personnalisation. Du reste, le gameplay ne devrait pas perturber les amateurs du genre puisqu’il faudra constamment jongler entre vos combos simples, et les attaques chargées d’une part, et gérer les compétences de vos personnages dans un autre temps. Les transes demeurent quant à elles des moments grisants avec leurs effets visuels qui déchirent l’écran. Quand la jauge de tension est pleine, vos pouvoirs sont décuplés et vous pouvez temporairement déployer votre pleine puissance sans vous soucier de la jauge de MP. Leur portée pourra être améliorée en acceptant des missions spéciales pas toujours évidentes à accomplir, mais qui vous aideront significativement dans votre épopée.

« Dragon Quest Heroes satisfera autant les amoureux de musou, friands d’exutoires effrénés, que les rôlistes adeptes de personnalisation. »

DQ Heroes place aussi quelques originalités bien senties puisque vous pourrez invoquer certains de vos ennemis en l’échange de médailles lâchées par vos adversaires au combat. Le système est d’une simplicité enfantine, et se gère directement depuis les flèches directionnelles. Vous disposez d’un certain nombre de slots, identifiables sur le coin gauche de l’écran, dans lesquels évoluent vos nouveaux compagnons. Il faudra apprendre à bien placer vos monstres de poche, surveiller leurs points de vie, et savoir les relâcher quand ils se révèlent inefficaces ou qu’une plus belle opportunité se présente. Certaines médailles n’offriront qu’un soutien très fugace, et se volatiliseront après une simple utilisation. DQ Heroes prend alors des allures de Tower Defense, et ajoute à la frénésie des joutes une belle dimension stratégique. En bref, si le système de jeu ne réclame pas des trésors de technicité, il nécessite au moins une belle dose de vigilance.

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Quelques mots sur les affrontements contre les boss qui sanctionnent chaque fin de chapitre. Savamment mis en scène, ils vous donneront parfois du fil à retordre, et vous confronteront à des adversaires immenses. C’est l’occasion de mettre à profit vos capacités d’esquive, et surtout d’utiliser à bon escient les capacités de soutien de vos alliés. Certains affrontements deviennent particulièrement tendus lorsque vos assaillants vous infligent diverses altérations d’état et vous détournent de votre véritable objectif. Heureusement, la réalisation se montre à la hauteur du challenge, et affiche une fluidité exemplaire en toute circonstance. La touche graphique n’est pas en reste avec des couleurs bien choisies, et une direction artistique parfaitement raccord avec l’esprit des travaux de Toriyama. Le travail réalisé sur l’animation des personnages est tout aussi concluant. On regrettera simplement une caméra qui manque parfois de recul et qui empêche d’apprécier certaines situations. Pointons également du doigt des arènes trop étriquées, presque étouffantes, puisque si certains environnements extérieurs offrent quelques latitudes, vous évoluerez la plupart du temps entre quatre murs.

« Le titre affiche une fluidité exemplaire en toute circonstance ! »

Malgré sa condition de titre cross-gen, le rendu graphique force le respect, et jouit d’une technique quasiment irréprochable. La trame scénaristique est quant à elle beaucoup plus convenue, mais reste néanmoins bien rythmée pour le genre et ponctuée de nombreuses cut-scènes motivantes. Le cheminement suit quant à lui un rythme très linéaire où vous enchaînez de nouvelles missions suivis de courts intermèdes au sein de votre vaisseau. C’est là bas que vous pourrez gérer votre équipe, faire des emplettes, et valider vos récompenses. En plus des quêtes scénarisées, vous pourrez vous lancer dans le contenu annexe, ou reprendre librement les moments clés de l’histoire pour du leveling intensif. Ce que l’on gagne en contenu, on le perd malheureusement en rythme à cause de ces allées et venues imposées. Le fil rouge vous proposera pour l’essentiel de défendre un bastion ou d’escorter certains alliés en lieu sûr. Pour ce faire, vous devrez réduire au silence les nombreux portails de créatures en affrontant leur maître sous peine d’être rapidement englouti. Le gameplay compte quelques autres subtilités avec notamment les portails de téléportation, ou les armes annexes que vos héros peuvent utiliser pour se défaire d’un boss un peu trop remuant. Les situations se renouvellent en tout cas suffisamment pour nous tenir en haleine jusqu’au générique

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Grâce à son contenu très généreux, et une sublime direction artistique, Dragon Quest Heroes s’érige tout naturellement comme un incontournable de cette fin d’année. Très soucieux de son héritage, Dragon Quest Heroes est de ces titres qu’on ne lâche pas avant d’avoir enclenché le générique. Le superbe travail de localisation permettra aux fans d’apprécier l’ensemble des références distillées un peu partout dans de bonnes conditions. Bien que déjà convaincante, la formule promet d’être ajustée très prochainement puisqu’une suite est déjà en préparation chez l’éditeur japonais, l’occasion d’intégrer un mode coop qui fait ici cruellement défaut. En définitive, un titre gluantissimement addictif !

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Ce test est une version remaniée de la critique que nous avions écrite il y a quelques mois pour le compte de notre partenaire Retro Playing Mag.