Final Fantasy XIII suscite aujourd’hui encore des diatribes enflammées, acculé par une montagne de reproches, un épisode presque illégitime pour certains. Il faut aussi souligner que d’autres y ont largement trouvé leur compte, saluant un système de jeu dynamique, et une réalisation de haut vol, avec un univers plutôt séduisant. Du reste, l’objet de la contestation reste une linéarité irritante, des a-côtés inexistants, et si elle tente de se justifier par les enjeux scénaristiques (la fuite des protagonistes), le gameplay ne lui fait pas suffisamment écho pour trouver un équilibre. On comprend aussi la tâche immense que représentait pour Square Enix cette œuvre majeure, et nous constaterons alors les mutations, les coupes ,et sacrifices consentis par le staff depuis la présentation du jeu pour éviter de livrer son jeu trop en retard.

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Final Fantasy XIII, qu’on l’aime ou le déteste, n’a laissé personne indifférent. Nombre d’idées ont été laissées à l’abandon pour publier le jeu dans les temps, pour mieux les intégrer dans une suite directe, sans doute.

C’est sans grande surprise qu’une suite fut rapidement officialisée, les développeurs en avaient gardé sous le pied, et souhaitaient prendre leur revanche. La communication autour du jeu fut celle de l’absolution: garantir aux joueurs que leurs complaintes avaient été entendues.
Yoshinori Kitase, au sourire proportionnel à l’applaudimètre (mais toujours plutôt modeste et accessible), n’a pas hésité non plus à se lancer dans une tournée mondiale en promettant toujours plus de quêtes annexes, de mini-jeux, d’interactions, et de gourmandises ludiques. Paris ne fut pas en reste, puisque le 12 novembre dernier, SE avait réquisitionné un cinéma et convié des centaines de fans pour un événement spécial. Opération séduction face à une vraie crise de confiance, voire de défiance pour certains puristes. Une autre manière aussi d’offrir une campagne marketing musclée, à l’occidentale, avec goodies distribués par dizaines, et trailers démentiels, de quoi entretenir le buzz en somme.

La piété filiale et ses petits arrangements

Comment résister à la sortie de Final Fantasy XIII-2 au Japon pour vous livrer nos premières impressions? Nous vous proposerons, soyez-en certains, un test autrement plus complet et exhaustif en temps voulu, mais ce premier jet est l’occasion de vous livrer notre sentiment, en outre de vérifier si toutes ces promesses trouvent une substance manette en main.
L’ouverture du jeu est une vraie pépite, et aussi une vraie claque. Aussi inattendue qu’ébouriffante, elle nous plonge aux côtés de Lightning, face à un adversaire terrible, Caius, avec lequel elle livre un combat sans merci, interminable et épuisant. Le titre dévoile très vite son premier atout, à savoir quelques séquences en QTE apportant une interactivité accrue, et ne ralentissant en rien le déroulement d’une cut scène. Le résultat est enfin à la hauteur de ce que nous promettait, entre autre, le tout premier trailer de FF XIII, à savoir des combats aussi dynamiques qu’Advent Children, (presque) jouables.
Le système de combat quant à lui semble ne pas avoir beaucoup évolué, une impression qui se confirmera très vite, ils semblent au mieux plus dynamiques, mais sans vrai bouleversement. Un troisième personnage s’invite alors, Noel, dont Nomura pourra difficilement renier la parenté. Lightning semble coincée dans une réalité parallèle, le Valhalla, dont la beauté glaciale trahit à peine sa dangerosité, et somme le jeune-homme de retrouver Serah, sa sœur, et de lui apporter la preuve de sa survie….

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C’est au coeur du Valhalla, que Caius et Lightning se livrent une lutte infernale. Une introduction qui fait office de véritable tour de force technique.

Très vite, l’ambiance reprend des airs bien connus, et c’est clairement un peu déçus qu’on pousse d’abord le joystick en compagnie de Serah. Tirée du sommeil par un cauchemar, elle semble dévastée par la disparition de Lightning, elle la croit toujours vivante, et semble exaspérer le groupe Nora qui semble s’être résigné. L’occasion est trop belle quand Noel vient lui conter fleurette, pour aller retrouver sa sœur au travers les complexes temporels et voyages dans le temps. FF XIII-2 est avant tout l’histoire de ce duo improbable et très déstabilisant sur le papier. Si Vanille monopolisait la narration dans le 13ème épisode avec plus ou moins de talent, Serah nous indispose rapidement et les cinq premières heures de jeu invitent même à la méfiance, voire au découragement. Heureusement, les choses s’arrangent beaucoup par la suite, Noel sortant parfois des sentiers battus avec ses réactions inattendues, et Serah ira courir sur les plates-bandes de sa soeur.
Si l’histoire du treizième épisode mettait en avant les personnages, et leurs petits tracas, l’histoire se concentre ici davantage sur l’univers, et les questions restées en suspens à propos de Pulse (malgré quelques indices laissés ici et là lors de l’exploration du premier opus) trouvent quelques réponses. On est d’abord un peu frustrés de ne pas reprendre l’histoire exactement là où nous l’avions laissée, aux commandes de Lightning et du groupe, afin de réparer le « sacrifice » consenti par les deux demoiselles que nous ne citerons pas, mais les pièces du puzzle finissent peu ou prou par s’assembler, et le joueur est sans cesse intrigué par les nouvelles figures importantes du titre. Caius est d’ailleurs un antagoniste particulièrement efficace, et fait office de fil rouge tout au long de l’aventure, là où Yaag Rosch et surtout Jihl Nabaat avaient échoué précédemment. Différents flashbacks in-game, en plus d’un chapitrage explicite dans les menus du jeu, viennent rappeler au joueur les moments clés de FF XIII, de manière à ne jamais perdre le fil des évènements.

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Les premières heures ne sont pas très encourageantes, et il faudra un peu d’indulgence pour que Serah et Noel trouvent leurs marques.

Course effrénée au cœur de l’Histoire.

Final Fantasy XIII-2 propose un déroulement éclaté, et décousu, et permet de visiter Cocoon et Pulse à travers le temps depuis des distorsions temporelles, le Cœur de l’Histoire. Chaque voyage est une nouvelle découverte, un dépaysement permanent. Spectateurs d’évènements tragiques, et parfois plus légers, Serah et Noel semblent eux aussi évoluer au fil de leurs pérégrinations. Les embranchements sont multiples, et si le script nous impose d’abord un déroulé précis et millimétré, il est plus tard possible de se frayer un chemin plus personnel, de redécouvrir une plaine verdoyante en un territoire beaucoup plus hostile et bestial. Les développeurs ont mis en place une interface très claire afin de passer d’une époque à l’autre très facilement, c’est une frise chronologique que l’on débloque peu à peu grâce à différents artefacts (ces passages constituent d’ailleurs les seuls points de chargement vraiment perceptibles, ils prennent de longues secondes sur PS3, une installation sur le disque dur de la Xbox360 améliorerait les performances). L’histoire vous en fera découvrir certains pour progresser, vous aurez la liberté de découvrir les autres afin de ne rien manquer de cet univers. On se sent rapidement débordés par tous ces a-côtés, ces puzzles imposant un rythme diabolique, et ces PNJ enfin dotés d’une âme. Ils ont pour beaucoup quelque chose à vous dire, et pourront vous confier de temps à autre de menus travaux, (monstres à tuer, objets à récupérer…) on s’en émerveillerait presque… Les environnements proposent eux aussi plusieurs embranchements, parfois pas bien nécessaires, mais demandant d’en faire attentivement le tour pour ne rien rater, et s’en aller enfin la conscience tranquille. Aussi, plus besoin d’attendre le dernier quart du jeu, et d’en défaire avec une chasse aux monstres pour monter un chocobo. Ils sont disponibles très rapidement, et dans chaque zone, moyennant quelques légumes. Ils permettent un cheminement plus aisé, et d’éviter des combats plutôt nombreux et encombrants par endroits. Aussi, et pour notre plus grand confort, les sauvegardes sont dorénavant automatiques.
Enfin, le duo Noel/Serah est lié à une bestiole attachante, le Mog. Plus qu’un élément kawaii (même s’il le restera définitivement, il est parfois hilarant dans certaines cut scènes), c’est aussi un élément de gameplay sur lequel il faut compter. Doté d’étranges pouvoirs, il se transforme en Mog Clock permettant d’obtenir un bonus de rapidité lorsque vous prenez l’initiative d’un combat, et vous permet aussi de trouver quelques trésors inaccessibles sans lui.

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Les critiques ont été entendues, FF XIII-2 offre une liberté étourdissante, et les voyages au cœur de l’histoire offrent des sensations sans cesse renouvelées.

Une interactivité accrue, et de menus arrangements.

Les combats quant à eux, comme expliqué plus avant, n’ont pas beaucoup évolué, les développeurs ont tout juste optimisé certains effets. Changer de stratégie via le système Paradigm Shift se fait dorénavant immédiatement et sans artifices insupportables, les joutes se veulent donc plus nerveuses, et parfois sublimées dans les combats les plus importants par quelques séquences en QTE (Cinematic Actions) délectables et renforçant une impression de toute puissance. Elles subliment une mise en scène déjà recherchée, et si leur apport ludique peut sembler discutable, elles restent un plaisir pour les yeux. On pense notamment à Atlas, achevé par Serah et Noel en pleine harmonie. Un « perfect » dans l’enchaînement permet en outre de récupérer un objet bonus.
Vous pourrez aussi capturer certains monstres, et les intégrer à l’équipe. Ce point a été très largement mis en avant pendant la promotion du jeu, et rend cette suite directe singulière. Dotés eux aussi d’un crystarium, ils évoluent (via différents items) et feront la différence sur les combats les plus difficiles. Pour pallier à l’absence d’invocations, ces bestioles rentrent parfois en état de furie, une symbiose dévastatrice à haut niveau, à condition d’entrer le bon enchaînement le plus rapidement possible. Vous pourrez vous satisfaire d’un trio de monstres afin de vous adapter au mieux à chaque situation, ou bien décider d’intégrer à votre équipe les monstres plus puissants, mais plus complexes à apprivoiser, mais aussi pour le plaisir de les avoir tous attrapés. La mort du leader n’est en tout cas plus sanctionnée d’un game over, vous pourrez réunir vos dernières forces jusqu’à la fin et espérer remporter la victoire.
Le crystarium, d’ailleurs, a lui aussi été repensé, offrant beaucoup plus de liberté, et une évolution résolument personnalisée. Quand certains chercheront à débloquer un nouveau job, les autres iront tout de suite dénicher un nouveau slot pour l’ADB. Les combinaisons ne manquent pas, la progression bridée de FF XIII est en tout un bien vilain souvenir. Vous l’aurez compris, le gameplay est éminemment plus riche, et il y a encore beaucoup à dire, qu’il s’agisse de Chocolina, toujours disponible (parfois un peu trop…) pour vous proposer ses bonnes affaires, ou bien le Live Trigger et les questions à choix multiples, simulacre des jeux occidentaux.

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Il faudra se contenter de deux personnages jouables (les guests ne comptent pas) durant toute l’aventure, heureusement la capture de monstres permet d’intégrer une dimension stratégique aux affrontements.

Une compilation qui ne fabule plus

Artistiquement, le jeu offre une palette variée et joue beaucoup des conditions météorologiques et des effets psychédéliques relatifs aux changements d’époque. Tantôt très sombre, et parfois beaucoup plus poétique, le titre propose une grande richesse et joue astucieusement des atouts permis par son développement. Le moteur graphique n’a pas changé, mais il semble mieux maîtrisé, avec des jeux de lumière parfois éclatants (le Mog et ses reflets chaleureux rendent particulièrement bien de nuit). La bande son quant à elle divisera, et si quelques arrangements sont particulièrement agréables, d’autres enrobages à la J-POP ne manquent pas d’hérisser le poil, on croit nager en plein délire par endroits. Heureusement, les quelques moments de bravoure auxquels nous avons pu assister du haut de nos 25 heures de jeu, ont toujours profité d’une orchestration de qualité, dans la lignée du treizième opus. L’exploration est en revanche souvent accompagnée de pistes particulières, réclamant une longue adaptation, et c’est sans doute le point le plus sujet à controverse de cette suite.

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Artistiquement, FF XIII-2 est une réussite, et si les voyages au Coeur de l’Histoire sont trop souvent prétextes à visiter plusieurs fois le même environnement, le plaisir de la découverte reste intacte.

Si Final Fantasy XIII pouvait s’apprécier avec quelques FAQ en Japonais, FF XIII-2 est si riche qu’il ne pourra réellement s’épanouir qu’avec une compréhension complète de son univers, et c’est presque à contre-coeur que nous avons fait le choix de ne plus l’effeuiller après 25 heures pour mieux l’apprécier dans quelques jours, en français, et ainsi capables de mieux saisir ce que chaque PNJ a à nous révéler de son histoire, et sur cet univers. S’il faut un peu de temps pour apprécier ces voyages dans le temps, et apprivoiser le duo Noel/Serah, FF XIII-2 reste une merveilleuse alternative à la copie initiale. Pour peu que l’univers du treizième opus vous ait conquis, vos frustrations s’envoleront une à une, jusqu’à vous convaincre définitivement que cette suite directe est un très bon cru. Les rebondissements à la chaîne ont laissé place au plaisir de la découverte, et si l’on pourra toujours foncer tête baissée au travers l’histoire pour déclencher le générique, les autres pourront se délecter d’une œuvre qui a définitivement bien appris de ses erreurs passées.

Skypirate

Fiche technique

Genre : RPG
Producteur : Square-Enix
Développeur : Square-Enix
Support : Playstation 3 et Xbox 360
Date de sortie :
Image Disponible
Image 31 janvier 2012
Image 3 février 2012

Médias
Trailer E3 2011
Trailer TGS 2011
Les personnages
Les environnements

Site officiel Japonais
Site officiel Français