Test de Lightning Returns : Final Fantasy XIII

Après avoir vécu huit années au chevet de Lightning, c’est avec une émotion particulière qui vient le moment de clore son épopée. Personnalité clivante, l’héroïne aura quoiqu’il en soit marqué de son aura la franchise. FF XIII fut en son temps critiqué pour sa linéarité et l’égoïsme de sa narration. La réponse à ces critiques avait alors trouvé un écho dans une suite directe, FF XIII-2, qui s’efforçait d’offrir plus de liberté via l’artifice des voyages dans le temps. Sa narration était aussi plus osée, jusqu’au grand final, allant jusqu’à la mort de Serah et le sacrifice de Lightning. Véritable séisme, ce dénouement paraissait injuste, presque irraisonnable. Confusément, quelques DLC nous sont parvenus pour élucider certaines énigmes, mais une vraie conclusion s’imposait. C’est dans ce contexte que Lightning Returns arrive aujourd’hui jusqu’à nous. Et autant vous prévenir, c’est sans aucun doute le segment le plus déstabilisant de la trilogie. Faisant table rase de tout ou presque, il s’aventure là où la franchise n’avait jamais osé s’aventurer, s’inspirant ouvertement du RPG occidental, avec une narration autrement plus décousue, et une liberté totale.

Skypirate

Chronologiquement parlant, Lightning Returns se permet un grand écart effrayant puisqu’il prend place 500 ans après la fin de FF XIII-2. Oubliez Cocoon et Pulse, et tous les paysages arpentés jusqu’à présent puisque LR s’en affranchit totalement. Le Chaos s’est répandu partout, brisant l’humanité et ses rêves. Les enfants ne grandissent plus, et demeurent d’éternels orphelins, quand les plus grands vivent avec un fardeau dont la mort ne peut plus les expier. Il règne dans LR une mélancolie palpable, et tous les PNJ que vous serez amené à côtoyer vous rappelleront l’inéluctable : la fin du monde est prévue dans treize jours.
Après un sommeil cristallin de plusieurs siècles, Lightning est réveillée par la grâce du Dieu Bhunivelze, qui l’investit d’une délicate mission. La fin du monde tel qu’on le connaît est inévitable, mais Lightning a pour objectif de libérer les âmes torturées, afin qu’elles puissent s’épanouir dans le nouveau monde que Bhunivelze promet de concevoir. La divinité noue avec notre Libératrice un pacte qu’elle ne peut décemment pas refuser. Pour mener à bien sa mission, Lightning est épaulée par Hope, qui depuis l’Arche, lui prodigue conseils et astuces. Un postulat nimbé de mystères puisque le jeune-homme semble frappé d’amnésie, et retrouve son corps d’enfant. Lightning retrouvera des visages bien connus, consumés par la haine et la colère. Des âmes aliénées, et qui ne parviennent plus à se défaire de leur culpabilité.

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Le retour à l’Arche est un passage obligé tous les jours, à six heures précises. Hope vous y attend pour faire le point, et vous revigorer.

Jusqu’à présent, la narration occupait un rôle majeur dans la trilogie XIII, beaucoup trop à en croire certains joueurs. Des critiques maintes fois formulées, et qui trouvent un écho dans LR puisque la trame se veut très discrète, en filigrane, ne reprenant la main du joueur que quand il le décide vraiment. La promesse d’un monde ouvert est effectivement au rendez-vous. Très rapidement, Lightning est invitée à parcourir le monde, Nova Chrysalia, et ses quatre environnements, dans l’ordre qui lui convient le mieux.

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Le joueur fait ses premiers pas à Luxerion, et sa magistrale cathédrale où les croyants attendent la fin du monde. L’atmosphère y est solennelle mais aussi lugubre, et seule l’agitation du quartier commerçant offre un timide frémissement. Une organisation sectaire et criminelle terrorise la population en commettant chaque soir un nouveau crime.

 

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Dans un autre genre, Yusnaan offre un panorama plus étincelant et quasi ostentatoire où la riche bourgeoisie s’arrache la première place pour assister à de somptueux spectacles pyrotechniques.

 

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Dans les Terres Sauvages, les Chasseurs défendent leur terre d’asile à dos de Chocobos, sous le regard bienveillant du Docteur Gysahl.

 

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Enfin, vous découvrirez Les Dunes de la mort, vastes étendues arides, où un bestiaire sauvage et hargneux menace les marchands ambulants. Partie émergée de l’iceberg, elles dissimulent des ruines antiques, renfermant un mystérieux artefact. Lightning y rencontrera quelques uns de ses adversaires les plus redoutables.

Quatre environnements particulièrement singuliers, et autant de manière d’appréhender la menace et la perspective d’une mort certaine. Et au milieu d’eux tous, notre Libératrice, seule et mue par la volonté divine, de nouveau assujettie aux fantaisies de Dieu.
La solitude de l’héroïne est compensée par la liaison qu’elle entretient à distance avec Hope, qui lui rappelle très (trop ?) régulièrement ses objectifs principaux. Certains de ces petits conciliabules se révèlent riches en anecdotes que seuls les plus fidèles pourront apprécier à leur juste valeur.
Par ailleurs, Lightning est régulièrement distraite et interpellée par la foule l’implorant de venir en aide à un proche mourant, faire fructifier leurs affaires, récupérer des objets disséminés ça et là … autant de missions annexes qui détournent le joueur du fil conducteur, mais qui offrent une vraie fraîcheur. Ces quêtes annexes sont particulièrement nombreuses, et classées en fonction de leur difficulté. Libre à vous de les accepter ou non, mais celles-ci permettent de glaner de précieux bonus, et du temps !

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Lightning a pour mission de sauver le plus d’âmes possible. Pour ce faire, elle s’entretiendra avec de nombreux PNJ pour les satisfaire au mieux.

Il reste tout au plus treize jours à Lightning pour satisfaire Bhunivelze avant la fin du monde, et ce temps est véritablement compté ! Une horloge vous rappelle invariablement que le temps s’égraine. Tous les jours, à six heures précises, Lightning est rappelée à l’Arche pour faire offrande à Bhunivelze des âmes qu’elle a pu secourir, moyennant quoi le compteur fluctue en sa faveur. Lorsque le joueur prend Lightning en main, il ne lui reste que six jours pour arriver au générique, sa propension à satisfaire les âmes en peine pourra donc faire bouger le compteur du simple au double.
La notion du temps est particulièrement bien intégrée au jeu puisque les quartiers s’organisent en fonction de l’horloge. Certaines rues sont inaccessibles de jour, quand d’autres boutiques ferment leurs portes à la tombée de la nuit. Il est donc nécessaire de s’organiser efficacement pour boucler certaines quêtes aux conditions ultra restrictives. Heureusement, notre Libératrice dispose de quelques pouvoirs divins issus de la radiance.

L’un d’entre eux, la Chronostase, permet de vaquer à ses occupations en stoppant momentanément l’écoulement du temps. C’est particulièrement utile pour lancer une quête débutant à une heure H, faute de quoi vous perdriez une journée entière. Aussi, fuir au combat vous fera perdre une heure de votre précieux temps, de même que les voyages entre les différents environnements, ou l’usage des hôtels, sont autant de facteurs pénalisants. Lightning Returns constitue donc une véritable course contre la montre, parfois frustrante, puisque vous obligeant à délaisser de nombreuses quêtes pour vous recentrer sur l’essentiel. Tel un gamin dans une boutique de friandises, le joueur est amené à faire des choix douloureux et à abandonner certaines investigations pourtant avancées sous la contrainte. Les énoncés sont souvent approximatifs, et l’une des premières quêtes vous invite à parcourir Luxerion à la recherche de quatre chiffres inscrits sur les murs. Il vous faudra interroger des PNJ, battre le pavé, et scruter les instructions de Hope pour en voir le bout. Autant de temps perdu pour vaquer à d’autres missions. Autant de temps perdu pour améliorer vos statistiques puisque dans LR, la notion de level-up n’existe plus.

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Qu’il soit question de vous aider dans les combats les plus compliqués, ou de vous soulager face au temps qui passe, les effets de la radiance vous seront d’un grand réconfort !

Si à la première approche, le gameplay pourra laisser dubitatif, il reste malgré tout l’un des plus riches de la trilogie, et ses nombreuses subtilités ne dévoileront leurs secrets qu’après de longues sessions. Lightning est désormais bien plus agile. Elle est en mesure de sauter pour atteindre des passages surélevés, et de sprinter temporairement.
Pour accroître ses performances et progresser, il est de votre intérêt, et accessoirement de votre survie, de contenter le plus grand nombre de PNJ. En plus de récupérer leurs âmes, vos statistiques en sortiront grandies. En associant les meilleures compétences, vous profiterez aussi de leurs bienfaits, de même que les différentes armes et accessoires seront autant de bonus salvateurs. LR vous impose donc de revoir complètement vos habitudes, et l’équilibre fragile de vos styles appuie la dimension tactique.

Le système de combat constitue l’un des points les plus satisfaisants de ce troisième opus. Véritable réécriture d’un système éprouvé pendant deux épisodes, il se réinvente tout en restant attaché à certaines notions fortes comme l’état de « choc ». Un concept lui aussi rafraîchi puisque leur durée est directement liée au sort utilisé. La capacité de choc est une composante essentielle des compétences, à vous de bien l’utiliser.
Lightning est évidemment seule sur l’arène face à ses adversaires, les développeurs ont donc apporté de grosses variantes pour dynamiser l’expérience. Vous devrez ainsi au préalable mettre au point trois styles de combat, avec leurs propres spécificités (équipement, compétences, ornements…), et vous pourrez alors swticher d’un style à l’autre en plein combat. Chaque style dispose de sa propre barre ATB qui se recharge au fil du temps, et qui s’effrite sous la pression des compétences utilisées. Tel un deck, il vous appartient d’organiser un triptyque solide, et polyvalent. Les différentes compétences sont distribuées au fil de vos victoires, et peuvent être synthétisées ensemble pour en améliorer les performances. Plus tard dans le jeu, les artisans proposent d’autres alternatives utiles. Lightning est également amenée à esquiver et se protéger des assauts ennemis. Si le timing est à votre avantage, vous disposerez d’un moyen efficace de contre-attaquer, et asséner des coups dévastateurs. Cela confère au titre un dynamisme séduisant, et qui demande beaucoup de ténacité.
Les effets de la radiance vous permettent de faire appel à la Chronodilatation, ralentissant le temps et vos adversaires. C’est extrêmement efficace quand l’ennemi se trouve en état de choc, pour maximiser la portée de vos assauts. Les combats deviennent alors complètement exaltants, et le sentiment de toute puissance bonifie le ressenti général.

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Les combats sont très dynamiques, et reposent plus que jamais sur votre propension à infliger l’état de Choc rapidement.

Lightning dispose d’un nombre limité d’objets (d’abord six, puis davantage), utilisables lors de la mise en pause du combat. Une fois encore, LR vous impose des choix cornéliens, et ces items ne seront pas de trop pour faire face au challenge qui vous est proposé. Car oui, LR est définitivement un jeu retors et complexe à appréhender. A cet égard, on ne saurait que trop vous conseiller d’y réfléchir à deux fois avant de dédaigner le mode prétendument « facile ». Valeureux et confiants, nous nous sommes lancés sur le mode normal, avant de nous rendre à l’évidence. Des ennemis étonnamment agressifs et résistants, des journées se terminant dans la souffrance, et des retours bredouilles à l’Arche… Bhunivelze ne nous l’aurait pas pardonné ! Le mode New Game + sera certainement l’occasion pour vous de mettre à l’épreuve les réflexes acquis lors du premier rush.

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Lightning peut s’approvisionner à l’Arche auprès de Hope moyennant quelques PE, ou faire appel aux nombreux marchands qui jonchent les rues de Nova Chrysalia.

La personnalisation a cristallisé toutes les appréhensions et critiques durant la promotion du jeu. Et comme nous le pressentions, les protestations étaient bien vaines. Les victimes de la mode pourront évidemment faire le tour de toutes les boutiques pour dénicher l’ornement le plus excentrique, ou coloriser chaque pièce d’un costume fraîchement acheté chez un couturier quand les autres s’en désintéresseront complètement, sans que le fil de votre aventure en soit impacté. Si faire porter à Lightning une casquette de cheminot, ou des lunettes dorées, ce n’est pas votre truc, vous pourrez snober avec arrogance les allées marchandes et porter haut les vraies couleurs de l’héroïne.
De même que certaines tenues sont particulièrement réussies et siéent à merveille au joli minois de notre protagoniste. Le joueur peut donc se les approprier comme il l’entend, par souci de coquetterie, ou par simple attrait statistique. Du contenu additionnel est déjà disponible en ligne pour habiller votre héroïne aux couleurs de Yuna, ou bien de Miss Croft. Malgré un tarif prohibitif avoisinant les quatre euros (!), on imagine que la nostalgie aura raison de certains d’entre vous. Heureusement, certains bonus de précommande, grâce aux deals et partenariats noués avec les principaux revendeurs, vous permettront d’enfiler gratuitement une tenue de Samouraï, ou bien encore celle de Cloud Strife, SOLDAT émérite.

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Les développeurs ont poussé très loin les outils de personnalisation qui permettent presque toutes les fantaisies !

A propos de l’esthétique, et plus précisément de la technique, la performance de LR est plutôt mitigée, surtout en comparaison de ses aînés qui comblaient certaines lacunes grâce à quelques effets de mise en scène bien trouvés et une audace autrement plus évidente. En s’attaquant à un monde ouvert, et en ouvrant l’interactivité avec des dizaines de PNJ, de lourds compromis ont été consentis, si bien que LR ne vous éblouira que trop rarement. Heureusement, les environnements moins urbains et plus lumineux, offrent un rendu plus satisfaisant (Les Terres Sauvages notamment). De même que la direction artistique compense le plus souvent la faiblesse technique. Mention spéciale aux Dunes de la mort particulièrement bien modélisées, et grisantes lorsque Light’ virevolte sur le sable. De même que Luxerion dispose d’un vrai cachet avec son inspiration baroque et gothique.
Sur le plan auditif, le charme opère quant à lui bien plus facilement. Intégrant certaines pistes connues et qui ont démontré leur efficacité dans FF XIII et/ou FF XIII-2, la soundtrack intègre de nouveaux morceaux très entraînants ! Les pistes collent admirablement à l’ambiance des environnements visités, et l’on se souviendra longtemps du combat final où les compositeurs se sont dépasses pour un résultat dépassant l’entendement. Définitivement, la trilogie XIII dispose d’une vraie couleur musicale, et distille ponctuellement de jolies reminiscences (musiciens itinérants fredonnant Terra’s Theme, foule scandant la célèbre fanfare…).

Définitivement, Lightning Returns n’a rien de commun avec ses aînés, et son entêtement farouche à se défaire des traditions le rend tantôt désirable, tantôt pesant. Paradoxalement, on pourra sans doute lui reprocher une narration beaucoup trop décousue, et des quêtes annexes souvent peu engageantes. On aurait sans doute préféré un choix plus restreint, mais avec plus d’affect dans la relation entretenue avec les PNJ. Certaines quêtes offrent heureusement des conclusions plus surprenantes et parfois émouvantes.
En revanche, les développeurs sont parvenus à intégrer intelligemment la notion du temps qui passe, un sablier pointé sur nous telle une épée de Damoclès, et qui transfigure complètement l’expérience de jeu. C’est frustrant au départ, mais on s’en accommode rapidement, et c’est ce qui fait tout le sel de l’aventure !
D’aucuns prétendent que Lightning n’aurait plus rien de commun avec l’héroïne que nous connaissions, mais elle est restée la même, anesthésiée par les épreuves, mais toujours aussi déterminée et hardie.
À trop se marginaliser, la trilogie s’est fait quelques ennemis, et c’est aussi un soulagement de quitter Lightning pour de nouveaux horizons. Gageons néanmoins que toutes ces itérations serviront efficacement la franchise pour l’avenir.
Véritable antithèse de ce qu’était Final Fantasy XIII, Lightning Returns est bourré de bonnes idées, et se révèle particulièrement audacieux. Malgré un scénario inutilement abscons, et une réalisation un peu datée, son contenu généreux devrait vous passionner un long moment. LR dessine les contours d’une nouvelle ère, et si quelques ajustements devront être trouvés pour nous combler totalement, saluons le pari fou de ses créateurs.

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